Un premier bilan de l’expérimentation collective « Autoproduction, lutte contre la précarité énergétique »

– Comprendre que les questions d’énergie et d’habitat vont de pair mais entrevoir que l’accès est inégalitaire et non couvert par les dispositifs existants pour répondre aux difficultés des ménages les plus modestes.- Souhaiter participer à y remédier.

– Promouvoir la cohésion entre acteurs locaux dans la mise en œuvre de projets communs.

– Prendre au bond la balle des Centrales villageoises du Trièves, préoccupées par les inégalités face au coût de l’énergie et porteuses de compétences susceptibles de les gommer mais, en tant qu’entreprise, dans l’impossibilité de porter le projet…

C’est le choix qu’a fait notre association, Trièves Transitions Ecologie, en avril 2023, en proposant de porter l’Expérimentation « Autoproduction, lutte contre la précarité énergétique » développée sur deux ans. Nous avons fait appel à plusieurs acteurs : les Centrales villageoises du Trièves, la Réserve, association chantier d’insertion, l’Entreprise à But d’emploi PEP’S Trièves (Projet pour l’emploi participatif et solidaire). Les collectivités locales, Communauté de communes du Trièves et Département de l’Isère ont choisi de soutenir seulement une partie du reste à charge des ménages  identifiés en précarité énergétique pour l’installation de centrales photovoltaïques solidaires. Le projet d’Expérimentation appelait à ouvrir le champ de la coopération sur le terrain de l’amélioration de l’habitat et de la sensibilisation à la sobriété énergétique.

Les résultats sont mitigés : déployer des outils de production d’énergie renouvelable, d’autant plus avec du matériel en ré-emploi, paraît vertueux et simple sur le papier. Mais, « des papiers », il en faut beaucoup pour en faire un dispositif. L’Expérimentation a permis de clarifier les dimensions juridiques et contractuelles grâce à l’apport du cabinet d’expertise juridique SKOV.

Installer des centrales photovoltaïques ne répond pas aux causes du mal logement et de la précarité énergétique. Des solutions complémentaires, y compris citoyennes sont nécessaires vu la restriction des moyens publics. Le projet de boucles solidaires d’autoconsommation collective, la cagnotte solidaire ainsi que le projet de structuration d’un collectif professionnalisé d’appui à l’amélioration de l’habitat, issus de l’Expérimentation sont des pistes intéressantes à développer. Il n’a pas été possible de tester des actions concrètes de terrain, de type « chantiers punks », « chantiers suspendus » tels que proposés par la coopérative Cabestan située en Auvergne-Rhône-Alpes.

 

 

Le soutien politique de ces initiatives est un impératif sinon un préalable : la compétence logement, habitat, action sociale est celle des pouvoirs publics : toute initiative citoyenne a besoin de se coordonner avec eux. Or, l’expérience triévoise accuse des résistances et des cloisonnements que les deux ans d’expérimentation n’ont pas réussi à lever.

Une erreur stratégique du porteur de projet, Trièves Transitions Écologie a été de considérer la bonne volonté et l’ambition de développement d’un Directeur de pôle de la communauté de communes comme étant suffisante pour se lancer plutôt que de s’appuyer sur une validation politique. L’association manquait de solidité et de forces pour porter, sans capacité stratégique des autres acteurs mobilisés, les objectifs de l’Expérimentation.

Reste l’expérience prometteuse du point de vue de la diversité des rencontres entre des personnes qui ont besoin d’un vecteur pour se rencontrer. Des panneaux, des chantiers, des coups de main entre voisins en sont, à double effet : celui de la lutte contre la précarité énergétique, celui de la cohésion et de l’humanité à l’échelle locale. Trièves Transitions Écologie n’avait pas la légitimité d’une institution d’action sociale mais l’Expérimentation a pointé l’intérêt de développer des actions d’aller vers, de terrain, de l’ordre de l’écoute, de l’appui au faire par soi-même, du faire ensemble, au-delà de la sensibilisation à la transition écologique, en s’intéressant en premier lieu aux personnes contraintes, éloignées de ces objectifs. C’est le sens que pourrait avoir un pôle habitat dont un incubateur de projets coopératifs, Alter Incub, est prêt à accompagner l’émergence. Ce pôle Habitat intéresse le Centre de ressources pour les territoires en transition d’Auvergne-Rhône-Alpes, AURA-EE qui gère un programme d’étude sur l’investissement citoyen dans la rénovation mené au niveau national avec Énergie Partagée. C’est le sens que se donne l’association TOURnESOL (Triévois-es pOur Un Réseau d’Énergies SOLidaires) qui se crée à l’issue de l’Expérimentation afin de déployer ensemble kits contre la précarité énergétique, autoconsommation collective solidaire et toute autre initiative retenue par les adhérents.

Habiter, se chauffer, économiser… des témoignages

La série documentaire audio

Le premier épisode en 20 minutes

Accès au lecteur audio

L‘Exposition

Bientôt en ligne, les panneaux présentés en avant-première le 11 octobre à Vagabon’âges

Les acquis de Quelle foire ! 2023

Le cahier Habitat en transition dans la collection Cap en Vue !

Le cahier synthétise les expositions, les démonstrations, les débats qui ont fait l’objet du programme de Quelle Foire ! 2023. Il est disponible à la librairie La Palpitante de Mens, ou auprès de TTE : info-tte@trieves-transitions-ecologie.fr

Habitat au naturel

 Tout au long de la construction du programme de Quelle foire ! 2023, Annæ a sillonné le territoire à la rencontre des personnes oeuvrant pour l’habitat au naturel. Couleurs à la main, à l’écoute de ses hôtes, elle a croqué l’histoire, les savoir-faire et l’intention de ceux qui, chacun à leur place, contribuent à concrétiser l’habitat en transition. Zoom sur un florilège de près de trente portraits et expériences conçu pour être exposé en tout lieu du Trièves et au-delà.
Dates et lieux d’exposition : A venir. Contact : acguellec2@gmail.com

Les leviers de la démarche

  • Économie circulaire avec la réinstallation de 177 panneaux d’occasion de 8 ans d’âge pour peu qu’ils passent le banc de test mis en oeuvre par la ressourcerie l’Etrier – la Réserve. Elle est dépositaire des dons de panneaux solaires usagés et susceptibles d’être de nouveau mis en service.
  • Economie solidaire avec le don de panneaux déclassés (60) issus d’un fournisseur de kits, Oscaro- Power, prêt à s’inscrire dans un projet concret d’installation pour compléter les kits avec les composants indispensables au fonctionnement du système (systèmes de montage, les onduleurs, les protections électriques et les systèmes de supervision).
  • Economie sociale avec la recherche de participation des acteurs du développement social local (SIAE la réserve – ressourcerie l’étrier, l’Entreprise à But d’Emploi PEP’S Trièves (Projet pour l’Emploi Participatif et Solidaire) la Communauté de communes du Trièves au travers de son service Transition écologique et de son souhait de tester différentes formes de contribution, dont notamment l’appui à l’autorénovation accompagnée avec les Compagnons Bâtisseurs Rhône Alpes. Les services du Département de l’Isère et de la MSA contribuent à identifier les foyers qui pourraient bénéficier de l’expérimentation collective.
  • Economie non monétaire inhérente aux principes d’autoproduction et de compagnonnage bénévole qui structurent le projet.

Transmettre, faire connaître

Au contact du public

Le 11 octobre, Vagabond’âges prenait place officiellement dans le paysage des alternatives triévoises, en réponse au besoin des personnes âgées et en situation de handicap de se loger dans des conditions adaptées à leurs souhaits et leurs capacités.

On peut le dire, en matière d’habitat en transition, Vagabond’âges a une longueur d’avance. C’est un habitat groupé, participatif et solidaire grâce à l’impulsion de son propriétaire, Christophe Cloarec, et à l’existence d’une association du même nom qui accompagne les habitants sur le lieu. Il est ouvert sur un jardin qui promet toutes les diversités du vivant. Il est ouvert aux initiatives locales parmi lesquelles celle que Trièves transitions écologie, avec les Centrales Villageoises du Trièves, la Réserve et PEP’S Trièves ont choisi de tester ensemble pour lutter contre la précarité énergétique.

 

Le 11 octobre, c’était l’occasion d’un coup de projecteur sur les démarches citoyennes et associatives concernées par l’écologie et les solidarités dans l’habitat : la SAS Centrales villageoises du Trièves, les associations PEP’S Trièves, Entropie, Modus Operandi, la toute jeune association TOURnESOL – Triévois-es pOUr un Réseau d’Energies SOLidaires, et la ferme Tournesol, qui fait l’objet d’un nouveau livre édité chez Terre Vivante qui relate le processus de construction d’un habitat écologique et pas cher étaient présents. Trièves transitions écologie présentait dans le même temps le 2e numéro de la collection Cap en vue, consacré au thème de l’habitat en transition.

L’exposition ça caille, etc. retraçant le processus créatif de l’Expérimentation collective de lutte contre la précarité énergétique, portée par l’association était présentée par Terre Nourricière. Constituée de 12 panneaux d’interprétation, elle fait écho à l’écoute des premiers éléments de la série documentaire du même nom, co-réalisée par Léa Promaja et Radio Dragon et appuyée par les témoignages des habitants et acteurs impliqués dans les mouvements de transition énergétique juste et solidaire. Les apports de Laurent Chanussot d’AURA-EE sur les modèles d’implication citoyenne dans la transition énergétique et de Gilles Debizet pour le laboratoire de recherche PACTE lors du forum consacré à nos actualités locales en matière de solidarité énergétique ont offert des résonances avec d’autres initiatives en France et pointé l’articulation entre politiques publiques de l’énergie et réalité de l’action sociale.

De nombreux visiteurs ont partagé cette journée, régalés par un repas partagé opulent et une soupe au caillou cuisinée grâce aux dons de l’épicerie sociale du Collectif d’Entraide du Trièves, animés par l’énergie des Vovós, Brooke et Maggie, emmenées par les compagnies A Corps et âmes et Naïnaï. Célébration jusqu’aux coups de minuit !

Revue de presse